LES PARAS
HISTORIQUE :
C’est pendant la première guerre mondiale que l’on va, pour la première fois sauter d’un avion en détresse. En 1935, l’Armée de l’air envoie en URSS une mission d’études qui créera à son retour un centre d’instruction de parachutisme militaire : il s’agit uniquement d’entraîner le personnel navigant. Deux ans plus tard, face aux résultats, l’État-major de l’armée de l’air met sur pied deux groupes d’infanterie de l’air dont le concept d’emploi intégrait la notion de combat aéroporté.
Ces deux groupes sont dissous après avoir été évacués en juin 1940 sur l’Afrique
du Nord, sans avoir été utilisés pendant la campagne de France. Dans le même
temps à Londres, le Général de Gaulle approuve le projet de création
d’unité parachutiste proposé par le capitaine Bergé, et le 15 septembre
1940 la 1° Compagnie d’infanterie de l’air voit le jour pour très
rapidement être divisée en deux groupes :
-le premier alimente le Bureau Central de Renseignement et d’Action,
dans sa composante Action (le BCRA est le prédécesseur du SDECE puis de
la DGSE)
-le second est rattaché au « Spécial Air Service » en tant que
« French SAS Squadron ».
En 1943, la restauration de l’armée française s’accompagne
de la création des trois régiments de chasseurs parachutistes ; le 1°
RCP formé par les Américains au Maroc et les 2° et 3° RCP entraînés par
les Anglais à Ringway. De la Normandie aux Ardennes, en passant par la
Bretagne, le Doubs ou même la Hollande, les parachutistes obtiendront des résultats
exceptionnels.
En 1945, considérant que les unités aéroportées doivent, compte-tenu de leur
emploi, recevoir une instruction approfondie sur le combat d’infanterie, le
comité de la défense nationale décide que les troupes aéroportées seront désormais
rattachées à l’armée de terre.
L’instruction parachutiste tout d’abord dispersée est progressivement
regroupée à Pau au Centre école des troupes aéroportées qui, après de
multiples changements d’appellation et de structure, devient l’ETAP (École
des Troupes AéroPortées) et forme des milliers de parachutistes des
trois armées et de la gendarmerie.
C’est en 1956 que sont créées les 10° et 25° Divisions
parachutistes, respectivement aux ordres du général Massu et du colonel
Sauvagnac. Dissoutes en 1961, elles donnent naissance à la 11° Division légère
d’intervention. Le 1er décembre 1963, la 11° Division légère
d’intervention devient 11° Division d’intervention après absorption de la
9° Brigade à vocation amphibie stationnée à St-Malo.
Le 1er avril 1971, la 11° Division d’intervention subit à nouveau une
profonde transformation; elle devient la 11° Division parachutiste et comprend
désormais un état-major, des éléments organiques divisionnaires et deux
brigades, les 1ère et 2ème Brigade parachutiste.
En 1977, la 11° D.P. fusionne sous une même autorité avec la 44° Division
militaire territoriale. Deux ans plus tard, les deux brigades sont dissoutes. Un
Groupement Aéroporté (GAP) regroupe quatres régiments professionnalisés (3°
RPIMa, 8° RPIMa, 2° REP, 7°RPCS) sous le commandement d'un état-major
stationné à Albi.
Ces dernières années, les structures de la 11° Division
parachutiste ont connu une évolution permanente sous les effets conjugués de
l’adaptation aux exigences de la Force d’action rapide (FAR) puis de la récente
refondation de l'armée de terre. En juin 1999, la 11° Division Parachutiste
est devenue la 11° Brigade Parachutiste.
Depuis 1978, la 11° Division parachutiste puis la 11° Brigade Parachutiste
sont intervenues au Europe, en Afrique, en Asie et en Océanie.
LE BERET ROUGE :
Dans la symbolique parachutiste, le béret amarante pèse au
moins aussi lourd que le brevet. Il a valeur de décoration et souligne de manière
évidente l’affiliation de celui qui le porte.
Pendant la seconde guerre mondiale, les parachutistes français portaient le béret
bleu roi, même ceux formés en Grande-Bretagne. Les parachutistes britanniques
eux, portaient un béret amarante qui récompensait leurs faits d’armes de
Libye et de Cyrénaïque et ils n’avaient accordé ce privilège qu’à un très
petit nombre de Français.
Fin 1944, le roi Georges VI, pour rendre hommage à la bravoure des
parachutistes français et aux services rendus aux troupes alliés pendant la
campagne de France, autorisa de manière expresse les unités aéroportées formées
en Angleterre à porter le béret amarante.
Plus tard, en 1951, le Général de Lattre étendit le port du béret rouge à
toutes les unités parachutistes servant en Indochine. Cette mesure fut étendue
aux autres parachutistes métropolitains en 1957.
Le béret amarante est porté depuis par toutes les unités aéroportées de
l’armée de terre, sauf le 2ème REP qui a conservé le béret vert de la Légion
Étrangère.
L'ESPRIT PARA :
L’esprit para est
avant tout le résultat de la nature même du combat parachutiste marqué par
l’utilisation de la troisième dimension. Tout d’abord, et de manière très
simple, le fait d’avoir à surmonter son appréhension pour sauter dans le
vide crée une accoutumance au danger qui va induire des réflexes différents.
En outre, le passage par la même porte, cette porte qui prend valeur de symbole
comme en témoignent les chants parachutistes, établit des relations très
fortes entre les chefs et les hommes et une cohésion qui, peut-être, ne
s’exprimera pas avec autant de force dans d’autres unités n’ayant pas été
forgées au travers des mêmes épreuves.
Dans l’imaginaire collectif, le saut, élevé au rang d’épreuve
initiatique, constituerait le type d’action que l’on se doit d’accomplir
pour quitter définitivement l’état d’adolescent et accéder à celui
d’homme. Comme l’écrit le Colonel Henri Le Mire dans son ouvrage L’histoire
des parachutistes français :“ le saut est l’image qui obsède
le jeune volontaire, qui prend presque totalement possession de son inconscient
et oblitère tout le reste. Pour le para, tout commence quand il arrive au sol.
Cela est objectivement indiscutable mais, subjectivement, le saut paraît une épreuve
“ énorme ”. La nature a horreur du vide. Quand on a surmonté
cette horreur, ce qui reste à faire paraît bien peu de chose, alors que
c’est le plus redoutable ”.
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus de la pertinence de ces propos, nous ne
saurions trop leur conseiller d’aller contempler le visage radieux d’un
jeune parachutiste venant d’accomplir son premier saut sur Wright, la zone de
saut de l’École des Troupes Aéroportées à Pau. Il est des sourires et des
expressions de joie qui remplacent bien des discours.
L’utilisation de l’avion a également une autre conséquence majeure :
il offre un déplacement rapide dans l’espace, dans un délai minimum, qui
laissera rarement aux combattants la possibilité de s’adapter
progressivement, physiquement et psychologiquement à l’environnement dans
lequel ils devront évoluer et se battre ; il leur faudra s’accommoder,
sans sursis de ce qu’ils trouveront. Cette accoutumance à l’inédit, à
l’imprévisible, fait du parachutiste un combattant qui est en mesure de
s’adapter à n’importe quelle situation, quelle que soit sa spécificité,
qu’il agisse dans le cadre d’unités constituées ou dans le cadre d’éléments
légers et isolés, du type forces spéciales. Et même s’il n’est pas
employé dans sa spécificité, il conserve cette prodigieuse faculté
d’adaptation.
Et, en effet, nous touchons là à l’essence même du combat
parachutiste qui se caractérise généralement par un engagement rapide et
brutal, avec un rapport de forces défavorable du fait du mode de mise à terre
et le plus souvent, sans possibilité de repli. A cet égard, la bataille de
Dien Bien Phu constitue un archétype. Bataille dont la mobilité semble
absente, Dien Bien Phu réunit tous les éléments qui ont forgé l’esprit
para et ont contribué à alimenter la légende. L’image de Dien Bien Phu la
plus communément admise est celle d’une garnison assiégée et prisonnière
d’une cuvette,dans un combat perdu d’avance. La vérité est plus nuancée.
Dans un premier temps, six bataillons parachutistes aux ordres du Général
Gilles s‘emparèrent, de haute lutte, d’une position ennemie loin sur ses
arrières dans un combat typiquement parachutiste : un assaut vertical
puissant et vainqueur.Très rapidement quatre des six bataillons furent retirés
(pour aller combattre ailleurs sur les arrières ennemis) tandis que les deux
bataillons restant constituaient une force de contre-attaque continuellement
sollicitée. L’ennemi ayant décidé de livrer bataille à Dien Bien Phu et
d’y jouer son va-tout transforma le camp retranché en place assiégée, dont
le ravitaillement et le renforcement devinrent impossibles. Il fallut donc faire
appel aux seuls capables d’arriver du ciel et les quatre bataillons prélevés
quelques mois plus tôt furent parachutés sur Dien Bien Phu une seconde fois.
Et, jusque dans les derniers jours, tant qu’il y eu des opérations aériennes
au dessus de la cuvette, il s’est trouvé 900 volontaires pour les suivre et
effectuer à Dien Bien Phu leur premier saut.
Ils n’étaient pas parachutistes, mais l’esprit était là. Dien Bien Phu a
montré les étonnantes capacités des parachutistes à la fois pour l’assaut
et la défense. Pour mieux dire, l’étude de Dien Bien Phu et de l’ensemble
des engagements au Nord Vietnam fait apparaître que les parachutistes ont livré
des combats typiques de leur emploi allant jusqu’au sacrifice ultime. Mais
au-delà de l’aspect historique et militaire, Dien Bien Phu est un symbole que
les parachutistes se sont appropriés, car, comme dans la prière du para, ils
s’y sont reconnus. Or, sans cet “ esprit para ”, le parachutiste
ne serait qu’un soldat aéroporté.